jeudi, décembre 07, 2006

editorial du bulletin de liaison de laMMF/octobre


Renforcer notre identité commune et nos actions
Chéres amies,
La Marche Mondiale des Femmes est un mouvement récent. Notre première rencontre internationale date de 1998, lorsque nous nous sommes réunies à Montréal, au Québec. À l'époque, nous ne nous connaissions pas, ou peu, et beaucoup d'entre nous n'avaient l'habitude de participer à des rencontres internationales. En 2006, nous avons réalisé notre sixième rencontre à Lima, au Pérou. Pendant toutes ces années de travail, nous avons réalisé des mobilisations internationales, en 2000 et 2005 ; nous avons agi au niveau local et au sein des mouvements sociaux luttant pour une autre mondialisation. Bref, nous avons construit ensemble un mouvement irréversible. Ce mouvement a une identité propre.
Dès notre première rencontre comme Marche mondiale des femmes, nous nous sommes préoccupées de la vie quotidienne des femmes et nous sommes attaquées aux causes de la pauvreté et des violences que nous vivons. À Lima cette année, nous avons revisité les thèmes de la pauvreté et de la violence envers les femmes en fonction du contexte actuel et nous avons défini notre vision pour les quatre années à venir.
Nous avons ainsi souligné la marchandisation croissante de la vie, de la nature et des relations entre les personnes et dénoncé l´augmentation des conflits armés et des guerres. Ces constats nous ont mené à identifier quatre champs d´action qui approfondissent nos engagements initiaux de lutte contre la pauvreté et contre la violence et nous avons débattu des alternatives. Les quatre champs d´action sont : la violence envers les femmes comme outil de contrôle du corps, de la sexualité et de la vie des femmes; femmes et travail ; la paix et la démilitarisation ; l'accès aux ressources, à la biodiversité et à la souveraineté alimentaire.
Nos échanges et notre réflexion commune nous ont permis d'avancer dans le renforcement de notre identité politique commune. Nous avons ainsi affirmé qu'il n'est plus suffisant de juxtaposer une série de demandes émanant de femmes ayant vécu des expériences variées mais qu'il faut agir en dialogue, confronter nos positions, afin d'aboutir à une synthèse dans laquelle toutes les femmes puissent se retrouver et se rencontrer. Depuis toujours, nous faisons des analyses, avons des discussions, organisons des manifestations, élaborons des propositions basées sur l'expérience vécue, la réflexion et l'action. Il faut poursuivre le travail entamé dans le but de définir les prochaines actions internationales à mener comme Marche Mondiale des Femmes.
À Lima, nous avons entamé le processus de transfert du Secrétariat International vers le sud. Le Brésil a été élu pour assumer cette responsabilité et j´ai, personnellement, été désignée pour occuper les fonctions de coordonnatrice de la Marche, succédant à Diane Matte à ce poste. Nous travaillons à l'organisation du nouveau secrétariat au Brésil, en lien avec les membres de l´ancien secrétariat. Nous poursuivrons les pratiques qui ont fait leur preuve, comme de faire appel à des traductrices professionnelles féministes ; l'alimentation de notre site Web ; les communications par courrier électronique ; le renforcement des Coordinations Nationales et des dynamiques régionales ; les mécanismes horizontaux de coordination.
La planification stratégique nous servira de guide pour organiser notre action et nous permettra de chercher du financement à moyen terme.
Par rapport à notre fonctionnement international, nos défis les plus urgents sont de renforcer le Comité International comme direction politique de la MMF et de mettre en place une coordination du travail au niveau régional. Il nous faut aussi être créatives afin de mobiliser les Coordinations Nationales pour des tâches au niveau international, soit sur des thèmes (via les groupes de travail et les collectifs), soit au travers de processus régionaux, à mettre en place.
Dans chacun de quatre champs d´action, nous envisageons des alliances. Plusieurs de nos alliées était présentes à Lima et elles ont partagé avec nous leurs analyses et leur agenda. Nous sommes déjà impliquées dans trois processus du mouvement altermondialiste : le Forum Social Mondial, l´Assemblée des mouvements sociaux et la convocation d´un Forum pour la souveraineté alimentaire avec Via Campesina, les Amis de la Terre et d'autres.
Ce processus nous a beaucoup apporté et notre appartenance à la mouvance altermondialiste fait aussi partie de notre identité politique. Nous travaillons pour que notre approche féministe soit présente dans les analyses et pratiques de ces espaces. Mais l'équilibre entre les énergies que nous mettons à construire notre mouvement et à mener nos actions et le travail fait en alliance reste difficile à trouver.
À Lima, nous n´avons pas beaucoup parlé du gros défi du financement de notre fonctionnement et de nos actions internationales. Cependant il faut relever que la majeure partie des ressources financières pour la réalisation de cette rencontre a été assurée par la contribution militante des participantes et de ses coordinations nationales. Pendant les pauses, diverses Coordinations nationales vendaient leurs matériel promotionnel, démontrant leur grande créativité et de que l´auto-financement est une voie que nous devons suivre.
Devant toutes ces responsabilités et défis, je reprend des mots de notre Charte mondiale des femmes pour l´humanité. Nous voulons changer l´ordre établi pour changer la vie des femmes. Cet autre monde, nous avons la force de le créer.
Miriam Nobre, Coordonnatrice de la Marche mondiale des femmes

Aucun commentaire:

Powered By Blogger